Rajout:
Natacha - Intégrale vol 1-5 - vient de paraitre. 15,20€ les 3 albums plus dossier inédit
Avec ce cycle d’intégrales, Dupuis met en avant l’une des héroïnes marquantes du Journal de Spirou des années 70. Une époque où la « féminisation » de la BD débutait et où une jeune génération de créateurs nés dans l’ombre des fondateurs de l’école belge, commençait à prendre son autonomie.
Le héros était une fille ! Trente ans après, il est difficile de s’imaginer le choc qu’a été l’apparition de Natacha dans Spirou : enfin une femme belle, clairement sexuée, indépendante et rebelle ! Jusque là, le modèle dominant était la Castafiore, Lady X ou Calamity Jane, une image qui renforçait l’idée qu’une fois éloignée de ses casseroles, une femme se transformait en dragon. Greg, dans Tintin, a été parmi les premiers à lancer des héroïnes (avec Comanche) et l’arrivée en nombre des femmes dans ces revues pour la jeunesse au début des années 70 (on les vit arriver auprès de célibataires endurcis comme Ric Hochet ou Michel Vaillant, ce dernier ne manquant pas, en bon conservateur, de passer la bague au doigt) est même devenue un effet de mode qui n’a pas manqué d’inquiéter les éducateurs. Mais Mai 68 et la Révolution sexuelle étaient passés par là : « En 1965, lorsque Greg devient rédacteur en chef [de Tintin], c’était devenu un journal plus violent, il y avait même un peu de sexe parce qu’on devait coller à la réalité des goûts du public » témoignait l’éditeur concurrent de Dupuis, Raymond Leblanc, le fondateur des éditions du Lombard en 1979.
L’autre choc, c’était ce jeune François Walthéry, moderne, hyper-doué, sorti du studio Peyo et qui assurait à la fois une continuité et un renouvellement à l’école franco-belge. Son dessin n’a pas pris une ride. Avec Salvérius, Wasterlain, Derib, Gos ou Roger Leloup, il représentait l’avenir.
Natacha, c’était aussi la mondialisation qui commençait à faire son œuvre. La découverte de destinations lointaines qu’on ne connaissait auparavant qu’au travers des… bandes dessinées. L’historien regardera avec intérêt ces charters à hélice avec des dossiers de bois, ces aéroports où l’on pouvait se promener la clope au bec, ces embarquements sans contrôle de sécurité paranoïaque, ces cabines de passagers sans ceinture de sécurité, et enfin ces hôtesses de l’air avenantes qui prenaient le temps de vous accueillir. C’était le bon temps !
http://www.actuabd.com/spip.php?article5282
La liberté dépression vaincra.