Messagepar Subastan » 25 Août 2007, 15:26
Bonjour Camui,
Effectivement, la version Leonhardt qui vous a été recommandée est très belle, très inspirée aussi. Elle nous permet en particulier d’entendre un des plus beaux chœurs d’enfants au monde, le Tölzer Knabenchor, dont deux sopranistes chantent les arias solistes, pourtant virtuoses, avec une assurance étonnante. Prégardien est un Evangéliste irréprochable ; l’orchestre n’est pas en reste.
Pour sa part, Herreweghe a enregistré deux fois la St Matthieu, d’une part avec avec la Chapelle Royale, Howard Crook en Evangéliste et Ulrik Cold en Jésus (harmonia mundi HMC 901155.57), d’autre part avec le Collegium Vocale, Ian Bostridge, Franz-Josef Selig (HMC 901 676-78, version que vous a signalée freharte). Personnellement, je regrette dans la première que Crook fasse montre d’aussi peu d’engagement, mais je ne suis pas non plus un fanatique de Bostridge, qui me semble manquer de simplicité et adopte un style très travaillé, hors sujet ici. Les enregistrements sont de bonne qualité, comme souvent chez harmonia mundi.
Dernière version que je connais, celle d’Harnoncourt avec le Concentus musicus Wien, les Wiener Sängerknaben, Christoph Prégardien également comme Evangéliste et Mattthias Goerne en Jésus (Teldec 8573-81036-2, 2001). C’est à mon sens l’interprétation la plus aboutie musicalement avec celle de Leonhardt ; les solistes sont très bons (notamment Bernarda Fink) à défaut d’être tous remarquables (Prégardien, Dorothea Röschmann) et l’enregistrement est techniquement des plus satisfaisants. Harnoncourt avait déjà enregistré en 1970 cette Passion, avec le Concentus, Kurt Equiluz, Evangéliste admirable, James Bowman dans ses meilleurs jours et Paul Esswood, magnifique (Teldec également). Cette version, « fondatrice » en ce qu’elle fut la première grande interprétation avec instruments anciens et une approche renouvelée, très éloignée de la tradition post-romantique, a musicalement très bien vieilli ; techniquement, comme souvent pour les gravures Teldec de cette époque, c’est acceptable à défaut d’être vraiment bon.
Je vous donne mon avis, qui n’a évidemment aucune prétention à l’universalité : si vous êtes sensible à la dimension mystique d’une telle œuvre, Leonhardt devrait vous séduire, si j’ose dire, par sa rigueur toute calviniste et son profond engagement. Si une certaine conception plus théâtrale, plus hédoniste aussi, vous attire, adoptez la version 2001 d’Harnoncourt le catholique. Et si vous êtes en fonds, achetez les deux, car une seule interprétation, aussi aboutie soit-elle, ne saurait contenir tous les possibles d’un tel monument.
Cordialement.