Salut à tous,
Comme l'édition DVD studio canal des films de Shin'ya Tsukamoto regroupe les films 2 à 2, et que Bullet Ballet est proposé en pack avec Tokyo Fist, je met à la suite mes ch'tites critiques pour ces deux films
.
Ayant été emballé par le couple Tetsuo / Tetsuo II de l'étrange Shynia Tsukamoto, c'est avec plaisir que j'ai inséré la première des deux galettes ("Bullet Ballet"), son cinquième long metrage, dans le lecteur. Quel bien m'en à pris!
Bullet Ballet:
Goda, un family-man japonais typique, découvre au tout début du film le suicide de sa fiancée. Désoeuvré, il déambule dans tokyo et tombe sur un groupe de jeunes déliquants qui le maltraite et le violente. Son obsession à présent est de trouver une arme à feu...
Le film, sorti en salle japonaise en 1998, est tourné en noir et blanc, certainement le meilleur choix esthétique que le réalisateur pouvait faire afin de nous montrer Tokyo tel qu'il le voit. Pour lui, Tokyo est un monstre, habité par des monstres. Les jeunes japonais sont montrés comme des individus dénués de toute ambition et qui ne savent rien faire de leur vie.
La mise en scène est particulièrement intéressante, entre autre grace au choix de trés longues focales et grace à des travelling latéraux particulièrement long (cf la fin du film).
Les acteurs sont trés bons et portent sur leur visage le spectre de leurs émotions. Je veux dire par là que Tsukamoto est un réalisateur qui "vide" ses personnage pour n'y laisser apparaitre que leur subconscient. On pourrait ainsi le rapprocher avec David Lynch dans son rapport avec ses personnage.
Ce choix de traitement renforce encore l'ambiance du film.
Le scenario quant à lui se construit sous nos yeux, baladant le spectateur d'un lieu à un autre, d'une situation à une autre. Mais contrairement à Tetsuo , ici le spectateur ne se perd pas dans les pensées des personnages, celles-ci étant exteriorisées.
Bullet Ballet est une oeuvre désespérée, confrontant l'attitude et le point de vue de trois générations vis à vis de la violence. Peu de lueur d'espoir dans ce film noir, hormis lors de la dernière scène, magnifique, extrèmement lourde de sens et d'émotion.
Pour moi, il s'agit d'un grand film, qui nous sort des productions courantes et qui nous force à modifier notre regard de la société. Un bon 17/20.
Je pense que ceux qui auront la curiosité d'y jetter un oeil ne seront pas déçus.
Tokyo Fist:
Tsuda, un family-man japonais typique (décidement), et son vieil ami Kojima vivent une vie aseptisée, dans un tokyo macabre. La boxe va leur permettre de connaitre la douleur, seul et unique moyen pour eux de se sentir vivants...
Ce film est sorti en salle au japon en 1995. Il a donc était réalisé avant Bullet ballet et finit la trilogie tokyoïte de Tsukamoto. Il est donc plus proche de Tetsuo/ Tetsuo II dans son traitement, même si le style de film est trés différente (Tetsuo est un film qualifié de SF par Tsukamoto lui-même). On retrouve cependant la même vision d'un tokyo aliéné et alienant que dans Bullet ballet.
La mise en scène est trés nerveuse, certaines séquences rappelant Tetsuo. Mais il s'agit ici de boxe, et sur le ring la caméra se transforme en un 3ème combatant. Elle se permet même quelques "coup de poings" aux protagonistes. Du coup, les combats sont trés réaliste de ce point de vue. Cependant, cela va peut-être un peu trop loin au niveau des déformations faciales en fin de combats. On y perd ici un peu en réalisme, mais cela colle au sujet principal du film: la douleur.
Et de la douleur, je peux vous assurer qu'il y en a: coup de poings, coups de coude, coups de tête contre les murs (si, si), auto-mutilation...tout y passe.
Le thème est trés proche de ce que l'on trouve dans Fight Club: la rennaissance par la douleur. Une rumeur circule d'ailleurs selon laquelle David Fincher se serrai inspiré de Tokyo Fist (JP Dionnet à menné son enquète, David Fincher ne semblait pas connaitre Tsukamoto, mais l'auteur du livre ayant inspiré Fight club l'aurait lui connu...).
Le jeu d'acteur est dans le pur style du réalisateur (qui joue le personnage principal, d'ailleur, comme dans la quasi-majorité de ses films). La musique est toujours du même compositeurs, toujours nerveuse, d'autant plus que l'on voit les personnages s'exterioriser et révéler leur nature animale profonde.
Le scenario est ici également un élément secondaire. Il y a une trame, mais c'est l'évolution de ses personnages dans un certain contexte qui importe le plus à Tsukamoto. Et de ce point de vue là, c'est trés reussi.
Encore une fois, Tsukamoto signe une oeuvre forte, personnelle violente et sans concession. Ce film ne plaira certainement pas à tout le monde (combien de film peuvent s'en targuer?) mais mérite amplement un visionnage.
Moi, j'ai vraiment beaucoup aimé. Allez, hop 16/20.
Plus je découvre ses films, et plus je trouve que Tsukamoto est un excellent réalisateur. Il a son optique, sa propre vision du monde et il l'expose, film aprés film. Bref il a sa griffe, sa signature, et pour moi, c'est une trés grande qualité.
A+
Take