il faut en avaler des paquets de merde à la douzaine pour recracher une pépite. le vieux Charlie Bukowski aurait pu commencer ainsi s'il avait eu à écrire une chronique sur le premier album de TV ON THE RADIO. malheureusement, le vieux dégueulasse, qui de toute façon n'y connaissait rien en musique, a cassé sa pipe et personne ne parle du disque le plus important depuis quarante ans au moins ; enfin personne, disons juste deux trois journaleux qui commencent toujours leur papier ainsi : depuis quelques mois, la presse anglo-saxonne ne parle que d'eux... ou, tous les DA du monde entier ne bruissent que de la nouvelle merveille musicale... premièrement, le NME craint et deuxièmement les DA ne bruissent que de chiffres de vente, la next big thing devra toujours leur chier de l'or sinon son contrat fera de jolis confettis pour leurs fêtes cocaïnées...
Clarifions la situation pour le dire autrement : desesperate youth, blood thirsty babe est le disque du groupe le plus important depuis le Velvet Underground et à la différence du Velvet, TV on the radio est un excellent groupe.
Souvent, je me dis, sopor, t'as enduré combien de disques minables d'artistes sans classe qui bégayent la musique ? hein combien ? des centaines que je réponds... une bonne raison pour ne pas laisser filer un disque qui repire la grâce, l'intelligence et la bonne érudition. j'ai l'album depuis le jour de sa sortie et j'attendais fébrilement, d'abord qu'un forumer en parle, en vain et ensuite que mon enthousiasme retombe, toujours en vain... j'y pense nuit et jour, le joue sans cesse dans ma tête et l'écoute presque tout autant...
TV on the radio joue une sorte de noisy soul, comme si my bloody valentine engageait prince ou beck imitant prince sur le debra de midnite vultures pour briser son coeur de glace. le résultat s'apparente à un monolithe (et pourquoi pas un monolithe si j'ose une correspondance), une colonne de Buren en fusion, froide à l'extérieur et chaude à l'intérieur. le coeur est organe sale et répugnant mais les battements d'un coeur sont la vie même, son rythme. les mélodies sont désossées, brisées et cassées, pas vraiment minimalistes mais heurtées comme chahutées par l'époque, par le bruit confus du siècle qu'elles reproduisent tandis que les voies soul et gospel entrainent les morceaux vers l'intériorité, douceur, pleurs, peurs, colère, amour...
l'exemple le plus frappant : ambulance. une boucle de voix monotone presque agaçante mais couverte par une autre voix chaude et sublime, soulignée elle-même par un discret choeur au loin. aucun instrument. seulement trois voix et l'un des plus grands morceaux jamais entendus, à pleurer de tristesse ou de joie.
autre exemple : don't love you. sa mélodie brisée que tout groupe tâcheron aurait fait exploser sur la fin trop content de la trouvaille, là ou les TV on the radio préfère jouer sur la frustration d'une montée attendue qui ne vient jamais.
tous les morceaux recèlent en fait de trouvailles, d'arrangements qui les rendent inoubliables. le sax sur wrong way, le break gospel sur poppy...
pour faire court (hein ?), TV on the radio est au-dessus du lot, par sa classe, son naturel. sur dreams, il corrige archive ou mercury rev, sur bomb yourself, radiohead et continuellement massive attack. en fait tous les groupes qui cherchent une formule, qui établissent des ponts entre passé et futur.
toute la musique du siècle dernier respire ou agonise sur desesperate youth...son bruit et son silence, son aurore d'une fin du monde.
all your dreams are over now / and your wings have fallen down / ... but you were my favorite moment of our dead century. effectivement