Chers amis,
Je peux enfin répondre à la dernière question : Non, je ne suis pas déçu de mes SEAS, au contraire ! Après de longs mois de silence mais qui ont été synonymes de labeur, je peux enfin livrer le résultat de mon travail. Je suis enfin parvenu à faire quelque chose de ces SEAS W22NY001…
Ce fût un très long processus, de formation, de travail, de mesures et d’achats. Décidé de travailler de manière sérieuse, je me suis équipé d’une infrastructure de mesure avec un micro calibré Behringer ECM8000 et j’ai également acquis l’équaliseur actif Behringer DEQ2496.
Même si je pense que je suis encore loin de la perfection, j’ose croire que je peux présenter un résultat plus que décent.
La démarche de la mise au point est beaucoup plus exigeante que l’on ne s’imagine. De nombreuses réflexions m’ont accompagné durant ce travail, je me permets de vous en livrer les plus importantes :
- Faire des réglages uniquement à l’oreille est utopique, ne se fier qu’à la mesure est une erreur…
- J’ai testé différents logiciels de mesure, Room EQ Wizard, SoundEasy, Arta… Le seul logiciel qui a corroboré les mesures d’usine du SEAS W22NY001 est Arta. A l’usage, c’est le logiciel qui m’a paru le plus fiable et le plus convivial.
- J’ai également testé des logiciels de simulation, LSPCad, Speakerworkshop… Il y a une grande différence entre simulation et mesure. La simulation donne une piste, une base de travail mais elle ne peut en aucun cas être considérée comme une référence absolue.
- Utiliser un 21cm dans un deux voies est une gageure ! Un 17cm est bien plus approprié et facile à accorder dans une telle configuration. Si vous souhaitez exploiter un 21cm, optez alors pour un trois voies !
- La plupart des adeptes du DEQ2496 emploient un micro non calibré… Avec mon ECM8000 calibré, je dois corriger mes bandes d’équalisation déjà à partir de 2KHz…
- Je n’utilise le DEQ2496 que pour la mise au point, faire des tests et des vérifications. J’écoute la musique sans, mes enceintes « sonnent » mieux sans qu’avec, c’est plutôt bon signe.
- J’ai effectué des essais comparatifs entre différentes enceintes pour une courbe-cible identique sur le DEQ2496. Les corrections effectuées avec la fonction AutoEq de ce dernier, les timbres des différentes enceintes étaient totalement différents ! La courbe finale devait être presqu’identique pour chaque enceinte mais le son délivré était complètement différent. J’en conclue donc que chaque haut-parleur ne possède non seulement des courbes de réponses et d’impédances uniques mais qu’il est caractérisé par sa propre couleur… Le succès de la conception et de la réalisation d’une enceinte ne dépend pas seulement des caractéristiques techniques mais surtout du mariage des différents timbres des haut-parleurs qui la composent ! Ce timbre n’est malheureusement jamais décrit dans les fiches techniques…
- Je me suis aperçu ensuite que la mise au point uniquement à la mesure est une erreur… Après simulation et mise au point des différents composants de mon filtre, j’étais parvenu à une courbe presque plate, sans accidents, presque parfaite… mais combien terne à l’oreille ! Ce genre d’expérience est fort déroutant pour le profane que je suis, je ne savais plus ni à qui ni à quoi me fier pour poursuivre ma mise au point ! J’ai tenté une deuxième mise au point avec le DEQ2496, avec un résultat un peu moins mauvais mais toujours insipide. Il a fallu recourir à l’oreille, à mes oreilles à moi, pour ouvrir enfin ces p… d’enceintes sur lesquelles je travaille depuis près de 2 ans et demi.
Aujourd’hui, avec le recul et l’expérience, je peux vous livrer « ma méthode » de mise au point sans trop rougir :
1. 1ère mesure des HP dans l’enceinte terminée
2. Simulation logicielle et montage d’un premier filtre provisoire
3. Rodage durant 2 mois au minimum
4. Ecoute et familiarisation avec le timbre de l’enceinte
5. Mise au point de l’évent si l’enceinte est du type bass-reflex
6. 2ème mesure des HP
7. Simulation et modification du filtre provisoire
8. Corrections à la mesure (micro calibré)
9. Ecoute durant 1-2 semaines et repérage des défauts à l’oreille
10. 1ère correction à l’oreille
11. Ecoute durant 1-2 semaines et repérage des défauts à l’oreille, s’il en subsiste…
12. 2ème correction à l’oreille
13. Stop !
On peut répéter les deux dernières étapes mais je crois plus sage de s’arrêter à la deuxième, sinon on commence à s’éloigner des valeurs mesurées et la mise au point à l’oreille a tendance à créer un « loudness » artificiel. On peut effectuer des mesures mais c’est prendre le risque de douter du résultat, à vous de savoir ! Je me suis amuser un jour à consulter les courbes mesurées des enceintes les plus onéreuses sur le site Stereophile.com (
http://www.stereophile.com/equipmentreviews/), hormis Dynaudio qui présente systématiquement des courbes assez plates, on rencontre pas mal de « montagnes russes » à des tarifs prohibitifs, ça me rassure sur ma méthodologie et mes oreilles !
En parallèle à la mise au point de ces enceintes, j’ai réalisé deux autres paires d’enceintes que je présenterai dans d’autres postes, les « Hibiscus » (
http://www.cinetson.org/phpBB3/menuiserie-f12/biblios-hibiscus-full-esotec-dynaudio-17w75lq-d260-t32444.html) et une autre basée sur les Fostex Fe108E Sigma. Venons-en maintenant à l’objet de celui-ci.
D’abord et pour information, « naïvement pas vraiment » satisfait du couple W22NY001-D260, j’ai remplacé ce dernier par un planar, le HiVi ou Swans RT2H-A. Ce planar équipe les enceintes Ascendo ([url]http://www.ascendo.de/url]), pour lesquelles il a été vraisemblablement modifié et Troels Gravesen l’utilise également modifié dans ces enceintes AT-SW ([url]http://www.troelsgravesen.dk/AT-SW.htm[/url]).
Le RT2H-A n’a pas une très bonne réputation, mais d’après ce que j’avais lu sur un forum allemand - je n’ai malheureusement pas retrouvé le lien -, il suffirait de visser un plus sérieusement le dos du planar pour le rendre étanche et les distorsions mesurées par Zaph (
http://www.zaphaudio.com/nondomes/) s’en trouveraient grandement atténuées, voire disparaitraient. Le RT2H-A est très sensible aux vibrations, j’imagine de par sa grandeur et sa surface, il est absolument nécessaire de l’isoler dans la caisse. Malgré toutes ses réticences à me confier les modifications qu’il avait opérées sur le RT2H-A, Gravesen m’a néanmoins avoué que le matériel d’amortissement derrière la membrane de Kapton avait été changé.
Le résultat esthétique me plaît vraiment, j’aime le contraste entre le rectangle du RT2H-A et le cercle du W22NY001, le D260 est avantageusement remplacé.
Le nouveau design
Gros plan…
… dans le contexte d’écoute
Les nouveaux pieds
En tous les cas, après mille et une mises au point, le résultat est splendide. Le son est très doux, soyeux, très naturel, c’est la première sensation que j’ai ressentie et c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de les baptiser « Sweet Dreams ». La spatialisation est remarquable, tous les instruments et voix sont complètement déliés, localisables devant, derrière les enceintes. Le son est équilibré à tous les niveaux sonores, à faible volume ou à un niveau soutenu, l’équilibre demeure parfait entre basses, médiums et aigus. La transparence est également un qualificatif qui colle très bien à ces enceintes. Quelles que soit la musique qu’elles jouent, moderne ou classique, leur équilibre naturel n’est jamais pris en défaut. Ce sont là les qualités principales, je m’arrête là tant il est difficile de décrire une sonorité !
Les enceintes sont cependant très directives, surtout dans la verticale, il ne faut pas trop s’éloigner de la zone d’écoute idéale, sinon c’est la chute assurée des aigus. Malgré ce « défaut », j’en suis complètement amoureux et j’éprouve un immense plaisir de redécouvrir ma cédéthèque, pour une fois je suis content !
La configuration du filtre est la suivante (il faut à tout prix respecter les impédances des selfs, sinon…) :
Le schéma du filtre
L1 2.2mH 0.3 Ohm - L2 0.82mH 0.28 Ohm - L3 0.27mH 0.27 Ohm
J’espère que mon expérience enrichira certains comme vos posts m’ont enrichi !
Merci à tous, Jo
Ainsi que pour les « Hibiscus », celles et ceux qui souhaitent acquérir ces enceintes n’ont qu’à me faire signe !