Messagepar Le-Saint » 25 Juil 2007, 08:59
(garanti sans Harry Potter)
Quatrième de couveture :
«Imaginez une Terre poncée, avec en son centre une bande de cinq mille kilomètres de large et sur ses franges un miroir de glace à peine rayable, inhabité. Imaginez qu'un vent féroce en rince la surface. Que les villages qui s'y sont accrochés, avec leurs maisons en goutte d'eau, les chars à voile qui la strient, les airpailleurs debout en plein flot, tous résistent. Imaginez qu'en Extrême-Aval ait été formé un bloc d'élite d'une vingtaine d'enfants aptes à remonter au cran, rafale en gueule, leur vie durant, le vent jusqu'à sa source, à ce jour jamais atteinte : t'Extrême-Amont.
Mon nom est Sov Strochnis, scribe. Mon nom est Caracole le troubadour et Oroshi Melicerte, aéromaître. Je m'appelle aussi Golgoth, traceur de la Horde, Arval l'éclaireur et parfois même Larco lorsque je braconne l'azur à la cage volante.
Ensemble, nous formons la Horde du Contrevent. Il en a existé trente-trois en huit siècles, toutes infructueuses. Je vous parle au nom de la trente-quatrième : sans doute l'ultime. »
Ce n'est pas vraiment un pays. Imaginez un long ruban de terre, ceint de chaque coté de sa largeur de chaînes de montagnes et d'étendues glacées impénétrables. C'est la bande de contre. A l'extrême-aval est Aberlaas, la cité où ont été formés les 23 membres de la 34 ème horde du contrevent.
Ils sont traceur, scribe, aéromaitre, combattant-protecteur, fauconnier, feuleuse, sourcière... Depuis plus de 20 ans, ils remontent la bande de contre, à pied, comme l'impose le code de la hordre. Leur mission : atteindre l'extrême-amont, trouver l'origine du vent qui souffle depuis des temps immémoriaux de l'amont vers l'aval et répertorier les neuf formes du vent.
Madre dios, ce que j'ai pu kiffer ce gros pavé de lecture. C'est de l'heroic-fantasy, qui ne ressemble à rien de connu. Un road-movie épique inadaptable en film et tellement original.
Alain Tomasio réussit le tour de force de coller une personnalité développée à chacun des 23 hordiers. Le récit est entièrement décrit à la première personne, mais par chacun des membres de la horde (il a du salement virer schizophrène, l'auteur), avec un style trés différent pour chacun. Par exemple, le scribe est trés verbeux alors que Golgoth, le traceur de la horde, une sorte de brute épaisse impitoyable, ne déplairait pas à Audiard dans le texte.
Le concept est génial : la quête de la horde et les techniques qu'elle emploie pour contrer le vent, amènent à l'esprit des images d'exploration en milieu hostile, de navigation en mer déchainée, voir de rencontres de football américain. C'est d'ailleurs cet aspect qui m'a fait le plus triper, cette permanente lutte face aux éléments. Le roman s'ouvre d'ailleurs sur un contre en plein furvent (un vent d'une puissance extrême, capable de coucher n'importe quel édifice humain) qui s'étale sur un chapitre entier pendant lequel on ne comprend rien de ce qui se passe et se dit. On sait juste que la horde jamais ne recule.
Souvent allégorique, ce roman-univers n'a à mon sens comme défaut que de distiller par petites touches de l'ésotérisme feng-shui et de la philosophie ying-yang qui passent à dix lieues au dessus de la tête du cartésien que je suis.
Brèfle, c'est un putain de bon bouquin, qui est directement passé number one des meilleurs bouquins fantasy que j'ai lu, devant l'assassin royal et à égalité avec La tour sombre de Stephen King.[/i]