On connait Chester Himes, Chandler, Ellroy, Connely ou Crumley pour les plus récents, Izzo ou Benacquista voire Vargas pour les français, et j'en passe et des meilleurs, mais on oublie souvent Jim Thompson.
Son parcours est pourtant fascinant, scénariste de Kubrick pour L'ultime razzia et Les sentiers de la gloire à ses débuts, une bonne trentaine de romans aussi excellents les uns que les autres, et une mort passée inaperçue à la fin des 70's ...
Si vous aimez les polars et que vous n'avez rien lu de Thompson, c'est l'embarras du choix chez Rivages-Noir ou Folio par exemple, de 1275 Ames qui donna le génial Coup de torchon de Tavernier au cinéma, à Cent mètres de silence, Un chouette petit lot, Le lien conjugal (Guet Apens de Peckinpah avec McQueen), Un nid de crotales, Des cliques et des cloaques (Série Noire d'Alain Corneau avec Dewaere),Les arnaqueurs (Frears) tout est bon dans le Thompson. C'est noir. Et ça se lit vite.
Jim Thompson dans Pop 1280 (1275 âmes) a écrit :Les pauvres petites filles sans défense qui pleurent en voyant leur père entrer dans leur lit. Les hommes qui battent leurs femmes et les femmes qui hurlent des supplications. Les gosses qui pissent au lit, d'angoisse et de peur, et leurs mères qui les punissent en les aspergeant de poivre rouge. Les visages hâves, hagards, ravagés par le ténia et le scorbut. La sous-alimentation, les dettes toujours plus fortes que le crédit. La hantise, comment on va manger, où on va dormir, comment on va couvrir nos pauvres culs tout nus. Le genre d'obsession qui fait que, quand on n'a rien d'autre dans la tête, mieux vaut être mort. Parce que c'est le vide des idées, quand on est déjà mort en dedans, et qu'on ne fait plus que répandre la saloperie, la terreur, les larmes, les cris, la torture, la faim et la honte de sa propre mort. De son propre vide.