Bonsoir Julien,
Je constate avec plaisir que, sur bien des points, nous sommes sur la même longueur d'onde.
![Very Happy :D](./images/smilies/icon_biggrin.gif)
Il y a seulement une de vos réflexions qui me chipote un peu :
wakup2 a écrit :PS : Concernant les diffuseurs de schroeder, j'en suis aussi un fana
point de vu esthétique, prochainement j'en fait faire un 2D par un ébéniste, trois essences de bois, cellule de 2x2cm .
J'en ai un pareil chez moi sauf qu'il n'a pas 3 bois different et c'est déja vendeur, les gens aiment bien. Après c'est une question de gout.
Cordialement, Julien.
Je crois vraiment que l'intérêt réel du Schroeder est très mal perçu. (Si ce n'est pas votre cas, mon petit laius pourra au moins servir aux autres).
Pour comprendre sa raison d'être, il me semble indispensable d'évoquer le conflit "historique" qui oppose le monde des acousticiens anglo-saxons à ce que l'on pourrait appeler "l'école française".
Pour les premiers, c'est le concept de "LEDE" (Life End – Dead End) qui prime mais, assez curieusement, cette idée est actuellement reprise par certains auteurs français qui en pervertissent le sens, allant jusqu'à intervertir la signification du "LE" et du "DE".
La manière la plus simple de comprendre le "LEDE" est d'imaginer un auditorium dont le mur situé derrière les enceintes, les murs latéraux ainsi que le plafond et le sol seraient constitués d'immenses miroirs. Pour un auditeur placé au point d'écoute, en plus des enceintes réelles, il verrait une multitude d'images d'enceintes reflétées dans les miroirs. Pour éviter d'être perturbé par ces images fantômes, la solution la plus simple serait de coller des posters à chaque point des miroirs où, lorsque l'auditeur est assis, il voit l'image des enceintes.
Partant du principe que le trajet des ondes sonores est le même que celui des ondes lumineuses, le LEDE originel préconise placer, à chaque endroit où un poster aurait du être placé, des matériaux absorbants destinés à "tuer" les images acoustiques fantômes.
Les partisans du LEDE distinguent trois sortes d'ondes :
- l'onde directe (en droite ligne de l'enceinte vers l'auditeur)
- les réflexions primaires (elles atteignent l'oreille, avec un temps de retard, après avoir été réfléchies sur une paroi)
- le champ diffus (le mélange des ondes qui ont été réfléchies par plusieurs parois avant de rejoindre l'oreille)
Selon eux, l'ennemi qu'il convient de combattre, ce sont les réflexions primaires. Ainsi, ce sont bien les parois entourant les enceintes qui, couvertes de matériaux absorbants, constituent le Dead End (l'extrémité morte). Les absorbants sont alors disposés comme dans l'exemple des miroirs. L'auditeur, lui, est entouré de matériaux réfléchissants qui doivent préserver le caractère "vivant" du local (Live End).
Les preneurs de son sont très friands du LEDE car ils sont persuadés qu'en débarrassant l'écoute des réflexions primaires, ils entendent davantage leur prise de son et moins le local. De nombreux constructeurs anglo-saxons suivent le même résonnement pour mieux percevoir les performances intrinsèques de leurs enceintes.
Les quelques écoutes que j'ai pu faire dans des locaux aménagés selon les principes du LEDE m'ont parues ternes et totalement dépourvues de perspective sonore.
La polarisation "à la française" part d'un tout autre raisonnement. Le concept date de l'époque où l'objectif premier de la Hi-Fi était de "recréer chez soi" les sensations de la salle de concert (classique, bien entendu). Comment faire entrer 120 musiciens dans un local de 30 m2 ? Les acousticiens étaient persuadés que les informations qui permettaient à l'auditeur de ressentir la petitesse de leur pièce d'écoute provenaient des réflexions sur les parois entourant le point d'écoute. En absorbant ces réflexions, on pouvait simuler un local aux dimensions infinies. Dans la zone entourant les enceintes, aucun matériaux absorbant n'était posé. On veillait juste à casser le flutter echo issus des parois parallèles par du mobilier judicieusement disposé. Les bibliothèques étaient très à la mode.
Mon auditorium personnel a été crée selon ce principe. Cependant, pour les murs latéraux entourant les enceintes, plutôt que recourir à du mobilier, j'ai caché des structures acoustiques diffractantes sous du fin tissu tendu.
Mais, me demanderez-vous, et le Schroeder dans tout cela ? Rassurez-vous, j'y viens. Certains auteurs considèrent que pour éviter de percevoir la petitesse du lieu d'écoute, il ne suffit pas d'absorber les réflexions derrière et autour de l'auditeur. La partie avant du local joue aussi un rôle primordial. Comment, dès lors, agir sur les réflexions primaires sans tomber dans le piège de l'acoustique morte du LEDE ? Le diffuseur de Schroeder a pour but de casser ces réflexions en diffusant, dans toutes directions sur 180°, les ondes sonores qui les atteignent. Leur effet absorbant, bien que non nul, est relativement faible. En les disposant, en grand nombre, aux endroits où, selon la théorie du LEDE, on aurait disposé les absorbants, les effets négatifs des ondes primaires et, en particulier, les information que celles-ci véhiculent sur les dimensions du local, peuvent être annihilées sans créer une sensation de sur amortissement.
Un de mes grands regrets est de n'avoir jamais pu faire d'écoute dans une pièce correctement traitée selon ces principes. Jean Hiraga prétend qu'une utilisation massive du Schroeder permet de faire littéralement "disparaître" les parois du local, donnant ainsi l'illusion d'une pièce de dimensions beaucoup plus grandes.
J'avoue être tenté par l'expérience mais, avant de me lancer dans l'aventure, j'exigerais quand même d'être convaincu par l'écoute du bien fondé de ce concept. Il ne faut, en effet, pas se le cacher, l'utilisation du Schroeder n'a de sens que si elle est massive et le prix d'achat des réalisations '"toutes faites" est exorbitant. Les réaliser soi-même n'est, bien sûr, pas impossible mais c'est un travail de titan !
A +
Paul
PS : après un tel effort d'explications, je crois que j'ai bien mérité d'aller me reposer 15 jours aux Canaries, ce que je vais fair derechef !
![Wink :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
La véritable haute-fidélité ? C'est ce qui reste quant on a éliminé tous les défauts...