Messagepar jfacoustics » 26 Fév 2006, 21:43
Papy a écrit :
c'est quoin un hs 60 ? que je m'enerve un peu
Si ça peut te rassurer papy, je suis beaucoup plus audiophile que vidéophile. Au moins 80% de mon temps d'écoute est consacré à la bonne vielle stéréo. Le reste se partage entre le SACD multicanal et le HC. Je considère ce dernier, avant tout, comme un délassement à caractère familial. Cependant, si ton esprit était un peu moins sectaire, tu te serais peut-être aperçu que, lorsqu'elles sont reproduites par un système conçu dans un véritable esprit audiophile, les bandes sonores de certains films sont des vrais petits chefs d'œuvres. Elles se dégustent d'ailleurs beaucoup mieux les yeux fermés. Comparés aux incapables qui enregistrent la plupart des vedettes de la "chanson française", les ingénieurs du son des grandes productions hollywoodiennes peuvent se révéler de vrais génies. Pour tout dire, si je n'écoutais pas autant de classique et si, pour le jazz et la variété, il n'existait pas de petits labels genre Chesky, je me demanderais pourquoi, dans ma vie, j'ai dépensé autant d'argent et d'énergie pour reproduire aussi parfaitement une telle merde.
Cela dit, avant de prétendre juger les être et les machines, il faudrait peut-être que l'on s'entende sur les critères de jugement.
Pour moi, le plus important c'est le respect de la couleur sonore des instruments et des voix. L'expérience (je crois pouvoir utiliser le terme puisque j'ai commencé à "piquer au truc" vers l'âge de 16 ans et que je vais, hélas, bientôt franchir le cap des 54 balais…) m'a révélé qu'une écoute prolongée d'une même installation nous entraîne souvent vers une beauté imaginaire très différente de la réalité. C'est pourquoi j'estime que tout audiophile qui se respecte se doit de réactualiser régulièrement la "banque de donnée de sa mémoire auditive" par l'écoute de concerts purement acoustiques. On peut, bien sûr, discuter du fait de savoir si une référence à la réalité est indispensable au plaisir d'écoute. Je répondrai d'abord qu'avant de juger le travail des preneurs de son, il me paraît indispensable de le respecter. Ensuite, les quelques milliers d'heures de vol sur lesquelles je peux me baser en matière de mise au point de systèmes sonores m'ont fait découvrir une vérité que je crois essentielle. Chaque fois qu'on parvient à rendre un disque "plus beau que nature" on rend une série d'autres totalement inécoutables. (L'archétype du "grand audiophile" qui en est à son septième ampli en quatre ans mais qui n'écoute jamais que les trois même disques…)
Un grand sujet de discorde entre les audiophiles concerne l'image sonore. Certains l'aiment très large, d'autres la préfèrent plus étroite et très focalisée. Ceux qui recherchent une grande profondeur et aiment entendre certains éléments du "paysage sonore" situés très loin derrière le plan des enceintes s'opposent à ceux qui sont surtout attirés par une sensation de proximité et de présence. Privilégier certaines de ces valeurs au détriment d'autres est très facile. Les concilier ou, ce qui revient au même, les rendre toutes accessibles en respectant strictement les intensions du preneur de sons, voilà une gageure qui exige un travail de bénédictin.
Reste un dernier sujet de discussion. Quelle importance apporter à la dynamique ? Pouvoir, grâce au mélange subtil des couleurs de l'instrument et des plus imperceptibles réverbérations, transformer la simple reproduction d'un piccolo joué dans une acoustique d'église en un véritable festival auditif, voilà qui fait partie intégrante de mon plaisir audiophile. Mais reproduire les percussions avec l'énergie nécessaire pour atteindre des niveaux réalistes, me paraît tout aussi important. Ceux qui ont entendu, ne fût-ce qu'une seule fois dans leur vie, une exécution en direct du Sacre du Printemps, savent de quoi je veux parler. Hélas, c'est sur cette limite que buttent inévitablement tous les systèmes basés sur une "deux voie" très musicale alimentée par un mono-triode. Ca peut être merveilleux mais ça coince très vite. C'est pourquoi, depuis un peu plus de deux ans je me suis lancé à corps perdu dans une voie de recherche qui vise à concilier l'inconciliable. Dans quelle mesure y suis-je parvenu ? J'en laisse seuls juges ceux qui feront le déplacement jusqu'à Soignies.
Tu vois, papy. C'est pas parce qu'on s'intéresse au HS 60 qu'on est juste un amateur de gros boum boum.
Pour tous les autres, excusez-moi d'avoir été aussi bavard. Il est malheureusement plus facile de lancer une phrase assassine que d'y répondre avec un minimum de nuances.
Mais c'est promis, M'sieur, j'recommencerai plus !
La véritable haute-fidélité ? C'est ce qui reste quant on a éliminé tous les défauts...