Un Gus Van Sant, ça se refuse jamais.
Lorsqu'il promet autant sur le papier, c'est même un passage obligé.
Et pourtant le film ne tient pas ses promesses. Il est même raté, de mon point de vue.
J'ai donc été faire (enfin pensera-t-on sûrement) un tour sur
ALLOCINE, histoire de connaître l'avis de NOBO avant même que celui-ci visonné le film. Et je n'ai pas été déçu : la presse est unanime, c'est de la belle ouvrage (et vous le devinez, cela m'a bien conforté dans mon idée de ne pas me fier aux critiques).
L'idée était bonne, le casting pas mauvais, le réal talentueux. Mais les bonnes intentions ne suffisent pas dans un film aussi casse gueule. C'es qu'on prend des risques a vouloir tenir 98 mn avec un scénar tout juste bon a faire un court métrage.
Attention, je n'ai à prioris rien contre les longueurs, et je ne prétends pas ici que celles-ci ne servent pas le film.
Non, ce qui m'a empêché de rentrer dans le film, m'empéchant d'en savourer les rares mais réelles qualitées, c'est cetainement ce manque de réalisme primaire. Celui de la crédibilité, car dans le fond, on peut aussi se jouer du réalisme sur certains niveaux.
Le pitch (on peut zapper si on veut) ?
Deux jeunes américains du même prénom se rendent on ne sait où en voiture et décide, au beau milieu de nulle part, de terminer le voyage à pieds dans le désert. Malheureusement ils se perdent... de plus en plus et dans tous les sens du terme...
Traduction :
Deux crétins s'appelant Gerry, comme tous les américains donc, roulent à n'en plus finir sur des routes complètement vides avant de décider de terminer le voyage à pinces en coupant par le désert, ce qui est comme vous le savez, la seule chose à faire. Loin d'être cons, ils en profitent pour ne pas s'équiper de la bonne vieille gourde et de la bonne vieille bousole que le premier abruti non-aventureux se serait empressé, le minable, d'empocher avant de se lancer. Alors comme c'est un film sur les rapports entre deux amis réunis dans la difficultés, évidemment ils se paument.
Bien, alors qu'est-ce qui m'ennuie dans tout ça me direz-vous ? Où est le manque de réalisme (pour ceux que la traduction ci dessus n'aurait pas déjà aiguillés) ?
**SPOILER**
[spoiler]
Un exemple du début (comme ça je dévoile pas la fin qui, ne vous en faites pas, est bien téléphonée) : Gerry, qu'est pas un con, décide qu'il vaut mieux se séparer pour essayer de retrouver la civilisation. Mais là où Gerry n'est pas le con qu'on croit, c'est qu'il dit à Gerry donc que s'ils ne trouvent rien, ils se donneront rendez-vous dans le ravin, là, en bas. Alors ils partent chacun de leur côté. Evidemment ni Gerry ni Gerry ne trouvent rien. Gerry donc, pas le meneur, l'autre, revint sur ses pas et ne trouve pas Gerry au rendez-vous (visiblement ils ont oublié de se donner une heure précise, ce qui, pour un rendez-vous, n'est guère malin). Comme Gerry, le meneur, vous suivez ?, n'est pas là, Gerry se dit "tiens, si j'allais attendre Gerry ailleurs ?".
Brillant ? On est tous d'accord. Donc Gerry, qu'est pas con non plus on vient de le voir, se retrouve perché sur un rocher à attendre Gerry... qui fini par arriver !!!
Je vous épargne la discussion "le RDV ct pas là, oui mais tu y étais pas, blabla, tout ça..."
Gerry, le meneur, dit que bon, c'est pas grave, maintenant que je suis là, on repars ensemble.
Coup de génie des scénaristes (qui sont aussi les deux acteurs du film épaulés par le réal) : merde Gerry, sur son caillou, ne peut pas descendre car s'est trop haut (à vu de pif 6 bons mètres) et le rocher est friable (c'est lui qui le dit, pas moi). Vous voyez que ça relance grave l'intrigue et l'intéret du spectateur...
Bref Gerry, celui qu'est en bas, dit à Gerry, bah ? Comment t'es monté là haut ?
Bah j'ai pris mon élan, lui répond Gerry qui a donc pulvérisé un record mondial (c'est balèze au niveau du dialogue là). Et d'ajouter qu'il faudrait qu'il saute mais c'est trop haut (dans ce sens uniquement donc) et qu'il va se casser la cheville. Ce serait bien si Gerry, en bas, lui faisait un matelas de terre pour amortir sa chute.
Lumineux, on est d'accord. Donc Gerry se met au travail et racle un peu de poussière, met trois mottes dans son tee shirt, et vas-y que le matelas est fait (environ 2 mm de poussière le matelas). Gerry saute et se reçoit sur le super matelas de 2 mm comme une fleur. L'aventure a été relancée avec cette péripétie, la longue marche du désert peut reprendre...
[/spoiler]**FIN SPOILER**
Alors bien sûr raconté comme ça, ça donne pas envie. Mais j'aimerai bien pourtant que d'autres fassent l'effort de se l'infuser, pour pas être seul d'une part, et aussi parce qu'un film trop intelligent pour moi devrait plaire a bcp de monde ici.
Voilà, c'est tout pour ce soir, vous pouvez aller au lit.
Votre JB -