Bon, puisque personne ne s'y colle...
Apocalypto
Mel Gibson n'est plus à une polémique près. Il se met du monde à dos et s'en fout du moment qu'on lui laisse faire les films qu'il a en tête.
Que ceux qui n'ont pas aimé
La passion du Christ (et ils sont nombreux) ne se défoulent pas sur ce film avant de l'avoir vu.
Quelques scènes sont violentes mais rien de comparable avec son précedent film.
Il y aussi les dernières frasques persos du bonhomme Gibson pour rejeter en bloc son travail. Tant pis également pour ceux qui s'en tiendront à ça.
Car Apocalypto est de mon point de vue une réussite et un film à plusieurs niveaux de lectures comme l'illustre l'article du monde.
Apocalypto n'est donc pas un film historique sur la civilisation maya pour ceux qui voudraient lui reprocher ça, c'est d'ailleurs tellement énorme que le propos est ailleurs.
Une cavale guerrière, puissante, épique qui mérite le déplacement.
L'article à suivre est un décryptage ou une 1ère approche pertinente mais qui spoile pas mal. Si vous ne voulez rien savoir du film avant de l'avoir vu tenez-vous en au titre:
"Apocalypto" : à travers les Mayas, Mel Gibson vise George Bush
Attention: Spoilers dans le texte
A l'époque où Hollywood imagine des machines toujours plus sophistiquées pour pimenter ses courses-poursuites, le film de Mel Gibson est un pied de nez : Apocalypto met en scène la chasse à l'homme la plus longue qu'on ait jamais vue, mais pedibus. Une bonne heure de cross à travers la jungle, marathon dément exécuté à la vitesse d'un sprint par un surhomme ayant une panthère noire et une horde de tueurs emplumés à poumons de dragsters aux trousses.
Le héros du film a l'habitude de mettre un tigre dans son moteur : on l'a vu, dès le début, traquer pieds nus et à une vitesse record un cochon sauvage pour son barbecue, sans risque de contrôle antidopage.
Ce fugitif, brave garçon nommé Patte de jaguar, vivait heureux dans sa tribu lorsque d'affreux guerriers issus de fastueuses cités sont venus incendier son village, tuer son père, s'emparer des femmes pour les revendre comme chair fraîche, et capturer les hommes afin d'en faire des esclaves ou de les offrir en sacrifice à leurs dieux.
Patte de jaguar a juste eu le temps de cacher son jeune fils et sa compagne enceinte dans un puits avant d'être désarmé par les barbares. S'il court si vite après avoir miraculeusement échappé à une atroce immolation, c'est à la fois pour semer ses bourreaux et pour revenir à temps chez lui, sauver les siens incapables de remonter seuls du fond du trou, et qu'un orage menace de noyade.
Entre sauvages et civilisés, les méchants ne sont pas ceux qu'on croit. Ceux que Mel Gibson dépeint comme d'abominables tortionnaires sont les Indiens Mayas. Le film a un double objet : orchestrer un thriller haletant dans une fresque épique, et évoquer une civilisation disparue. L'emploi de la caméra numérique Genesis permet les effets sidérants des courses effrénées. Un travail de documentation acharné est censé garantir l'authenticité des costumes, objets, tatouages et modes de vie des indigènes que Gibson a tenu à faire parler dans leur langue, le yucatèque.
UN SPECTACLE EFFICACE
Si on le prend pour un divertissement, et si l'on supporte son effroyable violence (en particulier lors de la scène des sacrifices humains, où un grand prêtre éventre les victimes vivantes, leur extirpe le coeur, puis les décapite et précipite leur corps du haut des escaliers du temple sacré), Apocalypto est un spectacle efficace, avec une mise en scène toujours en mouvement, et des acteurs absolument formidables.
On y note un clin d'oeil à Hergé (une scène d'éclipse de soleil qui nous rappelle les aventures de Tintin chez les Incas), et un sacré raccourci chronologique (Gibson rend contemporains les rituels sadiques et l'arrivée des premiers conquérants espagnols). Des spécialistes jugent que l'Histoire est mise à mal : plus obnubilé par la puissance visuelle de son film que par la pédagogie culturelle, Mel Gibson ne rendrait pas justice au raffinement du peuple maya, qui poussa très loin sa connaissance des mathématiques et de l'astronomie. Pis : en les dépeignant comme des théocrates sanguinaires, il les assimilerait aux Aztèques. Comment expliquer cette confusion ?
Le cinéaste a voulu rappeler, dit-il, que toutes les civilisations sont mortelles, que les cultures les plus sophistiquées peuvent disparaître en un éclair. L'empire maya aurait basculé dans le néant à cause de son acharnement à asservir les infidèles, ses excès de consommation, sa dégradation de l'environnement. Des symptômes décelables aujourd'hui. Insistant sur les liens père-fils, il plaide pour l'harmonie avec la nature, la fidélité aux valeurs essentielles, le respect crucial de leur transmission.
Qui vise-t-il ? La planète, ou les Etats-Unis de George W. Bush ? Prosélyte de la foi chrétienne et proche des fondamentalistes qui brandissent la menace de l'Apocalypse, l'auteur de La Passion du Christ pourrait être perçu comme apôtre des républicains purs et durs. Ici, il met en garde contre ceux qui, aujourd'hui, prétendent se rendre maîtres du territoire des autres par la violence au nom de leurs croyances divines.
La Maison Blanche fait bel et bien les frais d'Apocalypto, cri d'alarme contre la politique d'un président qui, après le choc du 11 septembre 2001, a imposé une mystique de la guerre sainte. "L'intervention en Irak provoquera notre perte. Envoyer des soldats au casse-pipe sans raison valable équivaut à faire des sacrifices humains", a asséné l'acteur-réalisateur lors de la sortie du film aux Etats-Unis.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0 ... 549,0.html
La liberté dépression vaincra.