Messagepar Le-Saint » 20 Jan 2007, 14:49
Hier soir, j'ai vu du cinéma. Du vrai, fait avec les tripes, plus exigeant que celui de bien des réalisateurs dont c'est le métier. Les journaleux ont cassés du sucre le dos de Mel Gibson, le taxant d'antisémitisme, l'accusant d'être fasciné par la violence et les martyrs. Si la première charge est une pure connerie issue de cette époque politiquement correcte de merde, la seconde est sans doute exacte. La complaisance avec laquelle Gibson a toujours interprété des personnages qui en prennent plein la gueule me l'avait déja fait deviner.
Gibson est fasciné par la violence qu'un être humain peut exercer sur un autre, et c'est son droit de cinéaste de nous le faire partager. Moi, un type payé à coups de million de dollars qui n'a qu'à choisir dans une pile de scénarios celui qui marchera, et qui tout à trac décide de réaliser ses propres films en prenant un maximum de risques commerciaux, il a d'ores et déja gagné mon respect. Non mais imaginez un peu : un film sans acteurs bankable, entièrement sous-titré, sur des sauvages dans la fôret amazonienne, c'est une tentative de suicide commercial en bonne et due forme.
Conan le barbare, c'est Tintin et Milou à coté d'Apocalypto. Ca charcute pas mal, mais on peut pas reprocher à Gibson de faire de la violence gratuite. Certainement pas réaliste (je doute qu'on puisse galoper comme Patte-de-Jaguar avec un poinçon dans le buffet comme il se paye.), ce long film viscéral, quelque part entre Predator et Conan Le Barbare est parcouru par un souffle épique énorme, sans avoir recours à des dragons, des chevaliers en armure ou vaisseaux spatiaux. Il n'est pourtant pas dépourvu de sens moral et de messages prosélythiques plus ou moins subliminals (sic... les prières des sauvages à leurs dieux font étrangement penser à des prières chrétiennes...)
Je reprocherai seulement à Mel Gibson deux faute de mauvais goût d'ordre techniques :
-l'utilisation de caméras numériques. Bien qu'ayant fait de gros progrès, le rendu est encore dégueulasse, ignoble dès qu'il y a de l'action. La jungle en 35 mm, c'eut tout de même été beaucoup plus beau. J'imagine que c'est un choix pratique, biscotte une caméra numérique est beaucoup plus petite et lègère qu'une grosse caméra à pellicule.
-certains effets spéciaux totalement loupés, à la limite du grotesque, comme le jaguar en peluche censé dévorer un des poursuivants.
Pécadilles, c'est tout de même un film exceptionnel.