[FILM] Ghost dog de Jim Jarmusch

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helel ben sahar
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[FILM] Ghost dog de Jim Jarmusch

Messagepar helel ben sahar » 17 Jan 2006, 19:26

Ghost dog de Jim Jarmusch


Jarmusch filme son personnage principal comme ses pigeons Electrons libres dévoués corps et âme à son maître, Ghost dog pour les pigeons, et Louie pour Ghost dog. Ils évoluent dans l’immensité du monde, du cadre, sans jamais se perdre, ni leur point de vue, ni leurs objectifs. Leur liberté de mouvements est sans mesure, mais toujours confiné dans le sens de la dévotion. Le portrait est magnifique, précis, possédant une forme de candeur imparable. Ghost dog est un être impassible qui a fait de la voie du samouraï sa doctrine de conduite.

Samouraï des temps modernes, qui a su assimiler les codes en les adaptant à notre monde, notre quotidien, l’univers mafieux. Tueur à gage dévoué corps et âme à son maître, il exécute ses volontés, chaque mission est une étape de plus dans l’acheminement de sa pensée, sa philosophie. Chaque acte, geste ou situation trouve son propre écho et justification dans la voie du samouraï. Il devient ce bloc monolithique, impassible et serein empli de sagesse, mais que l’on ne peut toutefois parfaitement comprendre. Jarmusch filme au rythme de son personnage, en prenant son temps, en imposant un rythme calme, serein. Vaguement contemplatif, tout en étant particulièrement précis, il suit également le tempo de la musique. Ghost dog trouve un exutoire dans le hip-hop, courant musical patchwork qui assimile plusieurs styles, et les assemble autour d’une boucle, d’un rythme. Elle justifie la démarche du personnage, et impose la cadence du métrage.

Le réalisateur esquisse le portrait de son personnage avec soin, s’attachant au détail, à ces gestes insignifiants mais qui construisent sa psychologie, à ces moments de calme qui l’accompagne, à son entourage restreint, à ses situations de routine. On le voit confectionner ses armes, nourrir ses pigeons, méditer, une illustration banale d’un personnage hors norme, qui ne répond à aucune de nos attentes, dont on semble incapable de comprendre toutes ses motivations. Le film est construit sous forme de tableau, chacun illustrant une philosophie de la voie du samouraï. Le spectateur se retrouve alors piégé dans cette construction, et dans l’histoire qui défile inlassablement. Le rythme volontairement lent s’impose naturellement, même quand l’action opère, le cinéaste conserve la grâce du personnage.

Ghost dog est un film de personnages, d’abnégation, de dévotion. Un métrage dont l’action est réduit à sa plus simple expression. La galerie de protagonistes est vague, figures mafieuses diverses, iconoclastes, presque caricatural. L’organisme apparaît comme une mauvaise blague, incapable de se satisfaire de ses propres décisions, remettant en cause ses propres actes. Impressionnant de ridicule, qui rend les différents mafieux tout aussi pathétique que monstrueux. Jarmusch dépeint des gens qui ne semblent pas habiter le monde qu’ils occupent. A l’image de Raymond, le vendeur de glace haïtien, s’exprimant dans une langue que personne ne comprend, et ne comprenant pas lui-même l’anglais. La relation qu’il entretient avec Ghost dog est magnifique de poésie subite. Métaphore de la communication, les deux hommes expriment la même chose et pourtant ne se comprennent pas. Le rapport se passe de mots, seul les intentions, l’attention compte. A l’inverse des mafieux qui usent et abusent de dialogue, sans jamais parvenir à se saisir.

Dégageant une sérénité impressionnante, plongeant le spectateur dans un doucereux spleen, le métrage de Jarmusch est une réussite à tout point de vue. Parfaitement maîtrisé, habité par des acteurs acquis à sa cause, le film possède une force d’évocation. Film initiateur d’une philosophie, d’un mode de vie et de conduite, il n’oublie pas d’interroger sur la pertinence de la dévotion quand celle-ci se délivre de toutes formes de raison. Mais chaque naissance entraîne une mort, pour que le flambeau puisse passer, et l’élève de devenir Maître le temps d’un souffle. A nous de méditer à présent…

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BaNDiNi
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Messagepar BaNDiNi » 17 Jan 2006, 20:23

Un chef d'oeuvre ! D'inspiration Seijun Suzuki sur bien des points.
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Messagepar RNO » 25 Jan 2006, 08:13

Je suis alle voir ce film a sa sortie, il y a donc 6/7 ans.

JKe m'etais tellement emmerde pendant les 15/20 premieres minutes que j'avais decide me mettre fin a mon suplice en sortant de la salle et en me glissant dans la voisine (la salle, bande de vicelards).

C'etait pour tomber sur Hantise (The Haunting) ... pathetique, mais qui m'a reveille, avec sa bande son a faire tomber les murs.

Je suis donc a la fois bien place et tres mal place pour parler de ce film.

Bien place car je m'y suis precipite avec envie pour le voir
Mal place car j'ai tenu 15 min avant de finalement decider que ce n'etait plus possible et que je n'allais pas perdre plus de temps sur cette ... bouze.

Nous etions 3 copains, et c'est bien sur moi qui les avais traine ...

La seule chose que je puis donc vous affirmer, c'est que si le premier 1/4 d'heure vous semble insupportable .... laissez tomber, je ne vous en voudrais pas ;)

Il faudra quand meme que je (re)vois cette oeuvre ... Tout le monde a le droit a une seconde chance, meme moi.
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Messagepar BaNDiNi » 25 Jan 2006, 08:41

Oui, parce que voir 15 minutes d'un film, ce n'est pas vraiment le voir tu sais ;)
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Messagepar BangoO » 25 Jan 2006, 08:54

J'ai toujours eu du mal a comprendre comment on peut se barrer d'une salle de cine au bout de 15 mins...
Mais bon... j'ai fait (3 fois je crois) l'effort de voir Ghost Dog jusqu'au bout, j'ai jamais compris ce que beaucoup de monde lui trouvait !
Camui a écrit :BangoO, je t'aime.

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Messagepar Nobal » 25 Jan 2006, 16:21

Je ne l'ai vu qu'une fois...j'en garde un bon souvenir(bande son, ambiance, etc)



il faudra que je me le refasse a l'occasion...
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Messagepar BaNDiNi » 25 Jan 2006, 18:02

Le meilleur Jarmush à mes yeux. Manque que Tom Waits.

Et Lee Marvin...
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Danam
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Messagepar Danam » 25 Jan 2006, 18:03

tiens c'est rigolo je pensais être le seul à m'être fait chier aussi (et je l'ai vu jusqu'au bout) ...

car tout le monde a qui j'en ai parlé l'a trouvé merveilleux ... :lol:

merci les gars, je me sens moins seul ;)

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Messagepar BaNDiNi » 25 Jan 2006, 18:13

BaNDiNi a écrit :Le meilleur Jarmush à mes yeux. Manque que Tom Waits.

Et Lee Marvin...
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