Ah Blade Runner ...
Ce qui est étonnant, c'est que certaines scènes d'extérieures (décors studio) sont presque rattrapées aujourd'hui par la réalité de certaines rues de la chine / Hong-kong / corée / Japon qui mélangent allégrement échoppes / bazards / spaghetti de fils électriques et buildings divers et variés en horizon vertical... Il y a même la pollution (cf. la chine) ! Quand la réalité rattrape la fiction ... Il ne manque plus que les machines volantes
Lorsqu'une technologie progresse très au delà des standards du cinéma comme l'a été pendant des décennies le noir que fournit une pellicule 35 mm (lequel s'apparente qd même beaucoup avec celui d'un projo triDLP de ciné) on doit nécessairement s'interroger sur comment gérer une telle amélioration sans dénaturer la colorimétrie d'une image.
Mon sentiment est qu'on peut très bien placer le 0 IRE à un niveau assez bas mais qu'ensuite il faut rapidement que les niveaux à partir de 2 ou 3 IRE recollent sur des niveaux "standards" pour ne pas dénaturer la couleur à cause d'un Y trop bas en lumens. En résumé, il me semble qu'il est nécessaire de modifier la courbe gamma de manière non linéaire dans les faibles IRE si le projo a une très faible lumière résiduelle.
C'est la même chose pour le blacker than black. Afficher le BTB implique une remontée du niveau de noir (Y=16), ce qui peut déranger. Cependant, on peut très bien adopter une échelle non linéaire dans le BTB pour que la remontée soit très faible dans un film (c'est d'autant plus facile que l'oeil travaille bcp en relatif). Si le projo a une faible lumière résiduelle, on a qd même pas mal de marge...
Par exemple, le ciel dans les scènes de l'espace d'Avatar est truffé de BTB qui descend très bas en niveau. L'objectif de l'étalonneur était clair : donner l'illusion d'un noir à la fois très profond mais aussi faiblement modulé par zone à ce ciel par rapport au noir de référence. Ce qui est étonnant, c'est que même avec un diffuseur dont le CR on/off est au alentour de 3000:1 et dont le niveau de lumière résiduelle n'a rien de transcendantal, on arrive grâce à des ajustements non linéaire de courbe gamma en bas d'échelle (cela revient à faire un compresseur / expander vidéo en fait) à des résultats à tomber par terre.
Au passage Avatar a aussi énormément de whiter than white à des niveaux très élevés. Probablement qu'à cause de la perte de luminosité avec la 3D, les étalonneurs ont cherché à maximiser le plus possible la dynamique d'image... On retrouve ici tout d'intérêt d'une lampe puissante qui permet une forte dynamique d'image : si on décide d'afficher le WTW (ou tout au moins la plage 236-242 qui est généralement la plus exploitée) les films qui ont du WTW profiteront de ce supplément de dynamique, et ceux qui n'en on pas (l'immense majorité) ne sembleront pas anémiques pour autant.
Pour revenir à Blade Runner, on est dans un cas typique de film dont les scènes sont majoritairement sombres et avec une dynamique faible. Donc si le projo a bcp de lumière résiduelle, comme l'oeil travaille en relatif et qu'il y a un cerveau derrière (éduqué en plus !), il se dit : c'est bizarre, les scènes sont sombres et pourtant je vois plein de lumière par rapport au noir de ma salle de HC. Alors oui ca choque. Mais un projo avec faible lumière résiduelle lui fournira une image qui pourra être déséquilibré dans les faibles IRE. Donc là encore, AMHA seule une adaptation non linéaire du gamma dans le BTB et le bas de l'échelle de gris permet de rattraper le coup. Un tel réglage est délicat. Il dépend du niveau de lumière résiduelle, de la quantité de BTB qu'on décide d'afficher, à combien on décide de placer en lumens le noir (Y=16), de la dynamique du projo (puissance lampe), de la salle (qui pourra paraitre plus ou moins noir pour l'oeil ce qui fixe une réf.), et probablement aussi du contraste ANSI du projo. L'affaire n'est pas simple
et faire une réglage propre nécessite un compresseur / expander vidéo paramétrique (ds le projo ou la source ou entre les deux).
Personnellement, j'utilise un PC pour le faire en programmant directement les modifs non linéaires dans la CG en pixel shaders. J'ai fait bcp d'essais pour essayer de comprendre comment l'oeil réagissait à ce genre de bidouille. Ce n'est pas évident, pas toujours logique (ou en tout cas, elle m'échappe parfois). Mais je suis arrivé à un constat très simple : des modifs infimes sur la dyn. globale de l'image (choix de x et y dans la plage 16-x,235+y rendue) et sur la dynamique locale en bas d'échelle (modif non linéaire de gamma) peuvent donner des rendus très très différents !!! (facile à établir car je peux comparer plusieurs rendus en switch immédiat). Donc si on part d'un projo quelconque et qu'on lui fait subir ce genre de manip, on peut complétement modifier son rendu ! Et à mon avis, ce qui sépare aujourd'hui les projos actuels ayant des perfs. similaires, c'est plus ce genre de petits ajustements qu'autres choses.... Ces ajustements de gamma sont suffisamment faibles pour être indécelables des sondes grand public (on est ds la marge d'erreur de la sonde).