Passons maintenant à l'acutance.
L'acutance permet de savoir si une transition dans une image digitale apparaîtra marquée ou pas visuellement. Elle participe à la sensation de piqué (sharpness). Elle dépend de 2 choses :
- le contraste présent au niveau de la transition
- la largeur de la transition
Sur la figure ci-dessous, l'acutance de la transition dans la direction X correspond à la dérivée moyenne (RMS) de l'évolution des niveaux de gris entre A et B le long de x divisé par le contraste entre A et B (c'est "en gros" la moyenne RMS de la pente entre A et B le long de la transition selon x divisé par la différence de luminosité entre A et B).
Si on ne fait pas de moyenne, une formule approchée de l'acutance est G / (xB - xA), avec G la variation de luminosité entre A et B (contraste local).
Il résulte de la notion d'acutance que :
- Plus la distance AB est petite, plus grande est l'acutance.
- Plus fort est le contraste au niveau de la transition, plus grande est l'acutance.
Une transition paraîtra plus marquée si l'une ou l'autre des deux conditions précédentes sont vérifiées. Si les deux sont vérifiées simultanément, l'acutance est maximisée.
De ce fait, une bonne MTF (bonne optique) qui dégrade peu le contraste des hautes fréquences permet une bonne acutance des transitions rapides. Un moteur optique qui génère des pixels marquées comme les DLP (faible distance AB) augmente en plus l'acutance des fréquences spatiales les plus élevées pour les transitions horizontales et verticales.
On peut artificiellement augmenter l'acutance d'une transition grâce au renforcement de son contraste (edge enhancement). L'image de gauche ci-dessous est un exemple.
Cet artifice est utilisé par les constructeurs de projo pour camoufler les problèmes d'alignement de matrices et l'utilisation d'optiques moyennement performantes.
Dès l'instant ou une transition n'est plus horizontale ou verticale, mais oblique, on est obligé de filtrer la transition par un filtre passe bas pour minimiser les effets de crénelage (anti-aliasing). De ce fait, la transition devient un combo de fréquences spatiales élevées et moins élevées. Elle apparaîtra d'autant plus marquée que la "largeur du trait" composées par ces fréquences est faible. Donc en imagerie digitale, meilleure sera la résolution, plus petite sera cette largeur de trait et meilleure sera l'acutance. Mais en vidéoprojection, ceci est balancé par la diminution du contraste de la transition due à la chute de la MTF dans les hautes fréquences. Et plus la résolution est élevée, plus cette chute est importante. D'où la nécessité si la résolution devient importante (4K) de mettre des dispositifs de edge enhancement bien fichus pour gagner significativement en acutance par rapport à un projo 2K (sinon le gain est limité).