Messagepar tiburce » 28 Mars 2010, 01:14
Compte-rendu d’écoute de l’enceinte « Answer » chez Audionec
15h jeudi 25 mars à Saint-Mesmes, village perdu dans les champs du Vexin au sud de Roissy. Le patron d’AudioNec m’accueille à son domicile. Une moustache à la Brassens grisonnante, c’est Francis Chaillet, fabriquant en association avec François Deminière, Claude Lacroix et Jean-Yves Soria de l’enceinte Answer que je viens auditionner.
Le lieu d’écoute se trouve à l’étage du pavillon, où Francis a réuni trois pièces en abattant les cloisons pour obtenir un espace d’environ 60 m². Les murs portent encore les traces des travaux, pas tout-à-fait achevés. La pièce a été travaillée au plan phonique, des sortes de paravents en bois ajourés sont disposés en accordéon sur les côtés, des panneaux acoustiques sont placés près du mur arrière… mais il y a encore beaucoup à faire selon l’hôte de ces lieux.
Devant un copieux canapé est disposé l’écran digital du système de stockage et de contrôle des morceaux musicaux enregistrés, tandis que le coffret du serveur lui-même repose à terre entre les enceintes.
En fait, Francis m’explique qu’il vient de vendre l’exemplaire de démonstration et que pour mon RV, il me fera écouter le proto qui le précédait, qui ne diffère que par une finition plus élaborée.
L’écoute débute et tout de suite l’ampleur me frappe : ce n’est pas un HP qui marche, c’est toute la pièce qui baigne dans la musique. En largeur, en hauteur, en profondeur, c’est la chanson de Piaf qui décrit ça le mieux « ça me rentre par la bas, ça me rentre par le haut … ». C’est une sensation douce d’enveloppement (aucune violence), consistante, comme dans une salle de concert : ce n’est pas projeté, comme devant un château d’enceintes, une muraille de membranes, style stade de France, c’est comme dans une salle de bal avec un orchestre qui joue : ça remplit tout, sans qu’on perde l’orientation de l’origine des sons. Etonnant.
Le deuxième étonnement c’est que le médium/haut grave me semble prédominant, mais sans exagération. Lorsque dans les locaux de la Maison de l’Audiophile on était passé du système Onken trois voies au système 4 voies en introduisant le pavillon Sato, cette partie du spectre était devenue subitement prédominante ( je veux éviter le terme ‘gonflé’ qui ne me semble pas à sa place ici).
Ici, je retrouve cette sensation. Une grande chaleur avec un détail ahurissant, la structure du son qui est comme agrandie au microscope comme si l’oreille avait connu une mutation génétique capable d’entendre plus et mieux. Par différence, mon système perso, avec pourtant des pavillons sablés 10 cellules en tôle et un moteur 288 derrière me semble comme retenu, intimiste (bien que capable d’éclater sur des forte, sans problème). J’évoque une question de réglage, le maître des lieux me répond finition du local non achevée, et disposition des enceintes et du point d’écoute à affiner. Tel que je le dis, cela semble être un défaut à atténuer, mais en fait, je m’habitue sans mal à cette profusion fabuleuse tellement jouissive. Je pense à la musique de Mozart à qui on reprochait de contenir trop de notes !! …la référence est élogieuse, mais cette écoute est somptueuse.
D’autant que le grave est superbissime, de tenue, de détail, de profondeur, tout autant que de vivacité, de nervosité : dire que ça ne traîne pas est un euphémisme. Les cordes de l’ensemble de contrebasses sont hyperprésentes, c’est sec, rien ne bave, c’est très propre, précis, détaillé et ça descend, ça descend, … c’est vertigineux (ah ! le premier morceau d’Himalaya !).
Je retrouve les qualités du grave rapide de mes VoT mais bien sûr sans la descente dans les profondeurs ! Le piano de concert est sublime, du haut jusqu’aux limites de la main gauche, quelle claque ! C’est riche, chatoyant, lumineux, de l’aigu jusque dans les grondements du grave.
Et enfin les voix sont superbes, les timbres justes, tout est véridique : un ténor éclate de splendeur, une soprane vous remue les tripes, une basse recule les limites de ce vous croyiez possible. La ligne mélodique est évidente, ça coule, ça glisse. La présence du grain de voix, de toutes les petites explosives des lèvres, des bruits de bouche, de toutes les intentions tonales… tout est là. La voix de Paolo Conte traduit au premier mot toute sa chaleur humaine, toute sa tendresse qui nous le fait aimer d’emblée. La voix de Satchmo est profonde et rocailleuse, somptueuse. La taille de la salle est immédiatement perçue, l’ambiance de l’environnement dans les cabarets de New York (Pawnshop) est là, on y est; les applaudissements sont à la fois secs et moelleux, comme une vague qui bouge…
J’arrête là. Je suis conquis. Quand le CD est de qualité, c’est simplement merveilleux. A côté les VoT écoutées dès le retour sur les mêmes disques ne déméritent pas loin de là. Je crois que je vais rehausser le médium/ haut grave, pour voir … mais bon, ce n’est pas la même pièce, pas le même système… je les aime bien, mes VoT ! Et … je programme déjà une prochaine écoute chez Francis.