Messagepar jfacoustics » 07 Mai 2006, 14:36
Oh là, l’effet de mon petit mot n’est pas celui escompté. Vous avez pris pour des critiques personnelles ce qui n’était, à mes yeux, qu’un débat d’idées appelant des réponses contradictoires.
En me relisant, je m’aperçois que vos critiques sont pleinement justifiées et je vous présente toutes mes excuses. C’est le danger du forum. On s’exprime avec une spontanéité qui est proche de l’oral mais l’effet est bien celui de l’écrit puisque les lecteurs ont tout le loisir d’analyser le texte, la virgule près. Je serai plus prudent désormais.
Ma maladresse est d’autant plus dommageable que, haa, tu es le prototype même du gars, à la fois modeste et désireux d’apprendre, et, en même temps animé par une passion dévorante, que j’apprécie tout particulièrement. En relisant les trois pages de ce sujet et je me demandais bien quelle mouche m’avait piqué de réagir de manière aussi virulente lorsque je suis retombé sur "la petite phrase" qui a provoqué ma réaction.
Tu comprendras dans quelques instants mais, avant cela, il faut que je vous explique ma philosophie de travail. Sur base de mes dernières interventions, Pierre Marie me voit comme un technicien pur et dur, coupeur de décibel en quatre, mais dépourvu de sensibilité musicale. Je crois que c’est pourtant bien mal me connaître. Rigoureux sur le plan technique, certes, je le suis. J'en suis intimement convaincu, même si on passe dix ans à en peaufiner les réglages, un système affublé de grosses lacunes de conception ne pourra jamais donner des résultats pleinement satisfaisants. Toutefois, le développement technique, en ce compris l’analyse des courbes de réponse sur le « clio », ne représente même pas 10 % du temps que je consacre au développement d’une enceinte. C’est seulement une base de travail. L’essentiel, je suis bien d’accord avec Pierre Marie, se passe à l’oreille. Au niveau du filtre, quelques tours de spire d'une self ou des différences de valeurs infinitésimales de capacité peuvent, en particulier dans le médium, avoir des effets subjectifs énormes tout en étant imperceptibles sur les courbes de réponse. En fait, je considère le résultat issu des mesures comme une "pâte sonore" de base. Il faut progressivement l’affiner pour l’amener à devenir musique et émotion. En fin de compte, il ne devrait plus être question ni de grave, ni de médium, ni d’aigu mais seulement de piano, de violon ou de clarinette et, à mes yeux, c’est tout aussi important, d’acoustique vivante et palpable. Le filtrage est, pour celui qui en maîtrise toutes les ficelles, un outil dont la puissance diabolique est totalement mésestimée par une majorité d’audiophiles. Pour avoir, derrière moi, plusieurs milliers d’heures de vol dans cet exercice périlleux et parfois harassant qui consiste à torturer la matière sonore pour l’amener à répondre à des lois que l’on a soi-même fixées, je peux t’affirmer que celui qui n’a jamais pratiqué cet exercice n’a qu'une idée tout à fait faussée des potentialités réelles d’un composant.
C’est pourquoi, lorsque quelqu’un qui avoue, lui-même, pédaler dans la semoule en ce qui concerne le volume de charge d’un BR et qui nous dit qu'il utilise "un filtre pas du tout adapté car il coupe trop haut et les composants sont bas de gamme", ose affirmer que "le 38 de la mhp est très largement supérieur aux 416-8c", je ne peux m’empêcher de voir rouge. Je n’ai ni intérêt commercial ni affinités particulière pour l’Altec. C’est une simple question d’objectivité.
Je le reconnais, toutefois, bien volontiers, le crime n’était pas bien grave et ma réaction a été tout à fait excessive. En fait, tu n’as été que le malheureux bouc émissaire, de tous ceux qui, sur ce forum, se permettent des jugements péremptoires sur des produits dont, bien souvent, il ne savent pas grand chose.
Essayons, si tu le veux bien, de passer outre de ma maladresse et repartons sur de bonnes bases. Contrairement à ce que tu as pu ressentir, je n’ai aucune intention de me moquer de tes démarches. Je reconnais en toi le jeune passionné que j’étais, il y a quelques années, et je souhaite seulement faire bénéficier ceux qui le souhaitent de mes compétences techniques et d'une expérience de plus de vingt ans dans la conception d'enceintes acoustiques.
En fin du compte, si, ne fut-ce qu'un seul d'entre vous pouvait prendre conscience que la qualité sonore passe moins par le fétichisme des marques ou par une course effrénée vers des chiffres de rendement élevés que par une conception ultrarigoureuse et un développement sans cesse affiné de ses aptitudes à la mise au point, je n'aurais totalement perdu mon temps ici.
Encore toutes mes excuses pour le caractère blessant de ma première intervention.
La véritable haute-fidélité ? C'est ce qui reste quant on a éliminé tous les défauts...