etrangefestival.com a écrit :Né en 1929 à Tokyo, Hideo Gosha fait des études commerciales à l'Université Meiji et débute en 1952 à la NTB, la télévision japonaise. Producteur à Fuji TV en 1959, il est en charge des films et séries dramatiques. En 1963, il signe pour Fuji TV Les Trois samouraïs, une série qui devient très vite si populaire que la Shochiku lui demande d'en réaliser une version pour le grand écran. Le film, Les Trois samourais hors-la-loi, bouleverse l'univers très codifié du chambara, autrement dit le film de sabre, en portant un regard moral et réaliste sur la condition peu enviable de ronin (le samouraï sans maître). Son pessimisme, là où prévalait auparavant le côté chevaleresque des guerriers, révolutionne le genre. En 1969, il réalise deux des oeuvres les plus marquantes du cinéma japonais, Goyokin, histoire d'un samouraï qui renie puis affronte le clan dont il faisait partie, et Puni par le ciel. Outre le chambara, dont il est resté le maître jusqu'à la fin de sa vie, comme le prouve Bandits contre samouraïs et Les Tueurs des ténèbres, réalisés respectivement en 1978 et 1979, Gosha s'intéresse aussi à d'autres genres cinématographiques comme le polar avec Le Sang du damné (1966) ; le yakuza-eiga (le film de yakuza) avec Les Loups (1971), description violente du milieu des gangsters japonais ; la fresque historique avec 2,26 (1989), récit de la révolte des officiers de l'armée impériale en 1936 ; ou le drame social avec Portrait d'un criminel (1985). Hideo Gosha est mort en 1992.
Un cinéaste honteusement oublié des encyclopédies sur le cinéma mondial/asiatique/japonais. Oubli assez incompréhensible tant le talent de cet homme était immense, égalant sans peine des cinéastes reconnus comme Misumi, Fukasaku et même Kurosawa ! Mais qu'importe les gratteux incultes, nos éditeurs DVD franchouilles ont du talent et savent réanimer les cinéphilies endormies. J'en veux pour preuve l'équipe de Christophe Gans, HK Vidéo, et celle des marseillais de Wild Side Vidéo. Ils ont édité ces dernières années presque tous les films du cinéaste dans des éditions marquantes au travail éditorial quasi parfait (12 films chez HK Vidéo, 7 chez WS). Il serait donc vraiment dommage de passer à côté d'un des cinéastes les plus intéressants du cinéma japonais, parti rejoindre le néant bien trop vite (à 63 ans). Voilà un petit melting pot des quelques interventions éparpillées sur Cinéfion à propos de Hidéo Gosha, cinéaste que vous vous devez de connaître !
Goyokin : Un chambara crépusculaire imposant, quasi monumental. L’histoire d’un samouraï qui va rejeter son maître coupable d’actes odieux et qui va porter sur lui la culpabilité pendant des années. Ce samouraï trouvera la rédemption lors d’un impressionnant final. Un excellent scénario, des acteurs fabuleux mais surtout une réalisation et un scope à tomber par terre. Tout au long du film, le réalisateur joue avec la nature. La neige, la pluie mélangée au feu, la boue, la mer, les pierres, tous les éléments sont utilisés pour placer les personnages, ce qui donne à l’écran des plans vraiment magnifiques.
La Bande-Annonce :
Quartier Violent : Période du cinéma que j’adore : le Japon 70’s. Quartier Violent est un film classique de gangsters désespéré qu’on peut facilement rapprocher des films de Kenji Fukazaku. Graphique et très violent, le film se permet des scènes proprement hallucinantes qui influenceront des réalisateurs tels que Sam Pekinpah (les scènes de mort tournée au ralenti) ou Stanley Kubrick (les mannequins en plastique du Baiser du tueur). J’ai pleuré de bonheur lors de la scène de flamenco qui embrasse une scène d’amour… Puis encore des larmes lors de la fusillade finale… Une ambiance qui reflète tout une époque, des gangsters classieux, des morts, un style hyper graphique...
La Bande-Annonce :
On parle du film : http://wildgrounds.com/index.php/2007/01/14/quartier-violent-1974-hideo-gosha
Dans L'Ombre Du Loup : Hidéo Gosha signait avec ce film son renouveau (après plusieurs mois de tourments professionnels et affectifs), assez éloigné de ses précédents films à la testostérone exacerbée. Dans L'Ombre Du Loup est un film à l'ambiance plus féminine qui raconte le destin de Matsué (sublime Masako Natsume, "pour toujours jeune"), la fille adoptive d'un parrain (le "toujours fiévreux" Tatsuya Nakadai) craint et respecté de tous (le fameux Loup du titre). Racontant à la fois les vies d'une enfant/adolescente/adulte au coeur d'une organisation mafieuse dirigée par un parrain trop humain et l'évolution du japon au siècle dernier (la fin des Samouraïs jusqu'à la 2ème guerre mondiale), le film s'inscrit directement dans les meilleurs films japonais à mon actif de spectateur.
Hitokiri : On touche une nouvelle fois au sublime avec ce magnifique film de sabre interprété par deux acteurs aux charismes hallucinants (l'immense Shintaro Katsu et le "toujours fiévreux" Tatsuya Nakadaï), brillamment écrit et mise en scène (ça en devient lassant, non ? ) la même année de Goyokin. Violent et contemplatif, Hitokiri est un chef d'œuvre à ranger à côté du SEPPUKU de Kobayashi.
On parle du film : http://wildgrounds.com/index.php/2008/0 ... 69-gosha-2
3 Samourais hors-la-loi : Un mythique et excellent film de sabres au scénario malin, première réalisation du grand Hideo Gosha qui montrait déjà une grande modernité dans la mise en scène. Sombre et violent mais néanmoins humaniste et magnifiquement photographié.
Le sang du damné : Rédemption hard-boiled, ce très bon Yakusa-eiga n'égale pas Quartier Violent mais s'installe tout de même dans la liste des réussites du réalisateur. La rédemption du personnage principal incarné par un jeune Tatsuya Nakadai est plongé dans les clichés du genre et le tout s'apprécie grandement, notamment grâce à certaines séquences (la poursuite dans les égouts...).
La Bande-Annonce :
On parle du film : http://wildgrounds.com/index.php/2006/1 ... ideo-gosha
Death Shadows : Hideo Gosha offre à ce film de sabre un étui baroque, inondé de lumières flashy et d'intermèdes originaux montrant les deux actrices principales se déhancher sur une musique disco. Théatral, funky, parfois halluciné et avec plusieurs personnages cintrés (comme ce ninja-flic-psychopathe qui se marre comme un hystérique à chaque réplique). Un vrai bonheur
La Bande-Annonce :
Samourai sans honneur : Un chambara honnête mais pas inoubliable. Efficace.
Kiba le loup enragé : Hidéo Gosha signe un western spaghetti sauce katana sobre mais divertissant. Un peu trop court à mon goût compte tenu des nombreux personnages...